Nezir KORKMAZ
Je
suis né le 27 février 1954 à Hirit, un tout petit village perdu
dans les montagnes à l'est de la Turquie. Ma langue maternelle
est le kurde. À Hirit quand j'avais 6 mois, un malheureux événement
a provoqué notre départ et bouleversé entièrement notre vie.
Je
n'avais jamais vu une voiture dans ma vie avant l'âge de 7 ans.
Mais dans mon village où il n'y avait ni école, ni crayons, ni
papier et où tout le monde était analphabète, j'ai commencé à
dessiner au même âge que j'ai commencé à marcher. Avec le charbon
et d'autres matières. ___________________________________________________
Ma Philosophie:
Depuis l'invention du premier outil par l'homme
il y a très longtemps, l'homme n'a jamais cessé de développer
la technologie de ses prédécesseurs.
Les objets modernes domestiques et d'innombrables
outils de travail qui envahissent notre vie quotidienne. La télévision
que nous regardons, le téléphone qui transporte notre voix à des
milliers de kilomètres, l'électricité qui transforme la nuit en
jour, parfois une prothèse dentaire, une pile posée sous notre
peau, l'œil d'un étranger mort installé dans la cavité oculaire
qui nous redonne la vue. Les automobiles, les bateaux, les avions,
les instruments de guerre, de l'espace, nos voyages interplanétaires,
les bombes de toutes sortes, atomiques, nucléaires, biologiques.
Les gratte-ciel, les ordinateurs, les centres de recherches industrielles
et militaires, les robots, sans oublier la dizaine de milliers
d'usines nécessaires à leur fabrication et, pour gérer tout cela,
des millions de cerveaux humains en perpétuelle activité.
Pour
moi c'est le temps de prendre le sujet en main, une nouvelle référence,
celle d'une vie parallèle, une "nature" faite par l'homme pièce
par pièce, elle s'appelle la "technologie", elle n'est pas vivante
mais elle est continuelle et irréversible.
Derrière
mes portraits, je voulais cacher des tonnes d'informations et
la vie sur toutes ses facettes. "L'homme+Technologie+Nature" dans
un concept unique. Sans ligne de séparation, comme si c'était
la naissance d'un être "Biomécanique". D'après moi, nos inventions
sont devenues notre sixième sens, nos troisièmes mains et pied,
nos ailes, nos yeux, nos cerveaux pour les tâches spécifiques,
nous sommes à présent devenus inséparables.
J'ai
dû changer le même visage parfois plus de 20 fois. Je voulais
créer un visage inédit. Un homme avec tous ses héritages culturels
et technologiques. Un homme avec ses sentiments d'insécurité,
sa joie et ses peurs qui symboliseraient notre technologie avancée,
mais aussi les inévitables conséquences liées à cette modernisation
parfois trop poussée et souvent négative sur le fragile équilibre
de notre chère nature. Il a tout le monde autour de lui, mais
personne avec lui. Il a toutes les raisons d'avoir peur, car c'est
lui qui voit tout, entend tout, sait tout. Avec tout le poids
de son époque sur son épaule, Un homme - machine qui respire,
mais qui reste surtout un l'homme.
Les
enjeux deviennent de plus en plus grands. Même les "plus grands"
entre eux se réunissent pour devenir les "géants". L'homme en
tant qu'individu se voit réduit à un "logo" ou une "icône", une
icône parmi 6 milliards déjà existants. "Petit individu" ou "petit
Etat" ne comptent plus du tout aujourd'hui, ou alors de moins
en moins. Mais chaque personne dans sa "propriété individuelle"
possède des particularités et des richesses différentes de celles
des autres...
Nezir
KORKMAZ