debut de
BIOGRAPHIE
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  Les lois de la nature sont parfois moins sévères que celle des hommes. Aujourd'hui je suis à la merci d'un petit "black ", hier c'était une jeune fille blonde, demain ce sera autres choses.
    Dans une désespérance totale j'ai reçu un jour un appel téléphonique, qui me redonna l'espoir et la lumière. Jamais, un simple appel dans ma vie ne me rendit plus heureux. Je crois beaucoup à la magie des coïncidences. C'était mon camarade de prison N. Ersoy. Depuis la prison ont ne s'étaient pas revus et il m'appelait pour la première fois.
    Après m'avoir parlé de ses fiançailles, et de la bijouterie qu'il avait ouverte avec son frère il ajouta : " Devine Nezir, qui j'ai vu aujourd'hui ? " Je n'avais pas la tête pour deviner quoi que ce soit, j'ai dis : " Allez, dit le, qui as-tu vu ? " Il me dit : " J'ai vu le Black, tu te rappelles Robert O., le Nigérien… " J'ai faillis faire tomber le téléphone ! Il continua "c'était devant l'hôtel au Sultan Ahmet, si je ne me trompe pas il est ici pour une affaire de drogue. " Je remercia mon ami et je partis aussitôt. Certainement il a fait connaissance avec des trafiquants de drogue pendant sa détention. Dans les prisons parfois on se métamorphose, en sortant on est quelqu'un d'autre.
   Je l'ai trouvé dans l'hôtel qu'il m'avait désigné. Il me croyait encore en prison. S'il ne m'avait pas donné l'adresse et de l'endroit exact où se trouvaient mes tableaux j'étais prêt à lui couper ses deux oreilles. Par peur il me donna toutes les informations nécessaires, même sa carte et ses clés.
Tout cet enchaînement de coïncidences me paru comme un miracle. Dieu ne m'avait pas abandonné !
J'ai pris ma décision aussitôt, je devais retourner à Vienne malgré tous les dangers qui se présentaient. Mais je n'avais plus de passeport. A Istanbul je n'ai pas réussi à en avoir un. Je suis allé à Ankara début septembre 1982 pour trouver un moyen de faire un nouveau passeport. Après d'énormes difficultés j'ai réussi à avoir les documents nécessaires, mais j'ai eu tellement de frais, de timbres et de pourboires qu'il ne me restait plus du tout l'argent pour retour. J'ai vendu mon briquet et ma montre pour payer mon ticket de retour.
A Istanbul j'ai attendu encore d'un mois pour avoir mon nouveau passeport. J'ai vendu tout ce que j'avais de valeur pour financer mon voyage.