debut de
BIOGRAPHIE
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    Le 22/7/1982 un policier est venu me chercher en me disant : " prépare toi tu vas rentrer chez toi ". J'ai mis mes deux-trois cahiers dans un sac plastique et je les ai suivis. En bas deux civils m'attendaient. Ils n'ont répondu à aucune de mes questions. Dans une voiture civile on m'emmena directement à l'aéroport. Toutes mes protestations n'ont servis à rien! Ils retirèrent mes menottes à l'intérieur de l'avion juste un peu avant le décollage. Aussi un dossier était déposait au pilote de l'avion à remettre aux autorités turques à mon arrivée. C'était pendant le deuxième jour de fête du Ramadan, un très grand jour pour notre pays. L'équivalant à Noël en occident. Je prenais pour la première fois l'avion dans ma vie.
     L'aéroport d'Istanbul, était noir de monde. Tout le monde attendait les sien, même les autorités turques semble vouloir faciliter le passage pour ne pas faire durer trop longtemps les retrouvailles entre les proches. Moi j'étais seul, comme un orphelin, sans bagage, sans papier, sans argent, sans cadeaux, sans préavis... J'avais même pas l'argent nécessaire pour pouvoir appeler chez moi. Après avoir reçu mon dossier par le pilote d'avion, les policiers turcs m'ont ramené à leur tour dans une cellule pour m'interroger. Ils sont envoyés des fax partout, au consulat autrichien, à Tatvan, à Hirit, à la cellule anti-terroriste et encore des autres endroit…Soit mon cas n'était pas trop important pour eux ou peut-être par pitié on me lassa aller. J'ai appelé de chez eux pour que ma femme vienne me chercher.
    J'aurais préféré revenir mort à Istanbul que revenir comme cela.
Comme mes souffrances ne me suffisaient pas, en rentrant chez moi, j'apprit quelque chose encore plus terrible. Mon père était mort ! Cela s'était passé au moment où j'étais à l'Académie, pour chercher les dix mille schillings que Hausner m'avait promis. Si j'avais eu l'argent au moment ou j'ai reçu le télégramme de mon frère j'aurais pu voir mon père avant qu'il ne meure. Il m'avait retenu trop longtemps.

Malgré tous mes efforts, je n'ai pas pu avoir de nouvelles de Robert. En prison il m'avait proposé de garder mes affaires chez lui, jusqu'à ce que je sorte de prison. Mais une fois parti et récupéré mes affaires, il n'a pas donné de ses nouvelles. Il n'a jamais répondu à mes appels, ni à mes courriers. J'ai eu la confirmation qu'il avait tout récupéré chez les gens que je lui avais désignés. Mon passeport était parmi mes affaires. Si je ne les retrouve pas, tous mes tableaux, tous mes cahiers, tous mes photos seront perdues à jamais !