1960 |
Mon père
ne savait rien faire d'autre que s'occuper des animaux
et travailler dans les champs. Il était analphabète, comme
ma mère, mes frères, ma sœur et moi aussi.
A Tatvan nous étions un peu perdus,
notre aspect extérieur, nos habits, nos niveaux culturel,
notre richesse n'étaient pas comme les autres. Mon père
devait s'inventer d'autres boulots pour assurer notre
survie. Il avait tout essayé. Travailler dans les carrières,
faire porteur, vider les bateaux, couper du bois, travailler
dans le bâtiment ou faire les marchés. Mais rien de régulier
rien d'efficace.
|
.1963.. |
|
|
Mes
deux frères et moi nous travaillions aussi, devant le cinéma
je vendais des bandes dessinées, déchargeait les bateaux
comme mon père, travaillait dans le bâtiment et avec l'arrivée
des trains à Tatvan. J'ai commencé à vendre du pain et des
bouteilles d'eau aux voyageurs des trains. Je gagnais plus
d'argent que mon père.
|
Personne
ne parlait turc dans notre famille. Après
cinq ans d'école primaire j'ai du quitter l'école sur la
demande de mon père et commencé à travailler chez un menuisier.
L'école, ne représentait absolument rien pour mon père.
De 12 à 15 ans j'ai faillis devenir un délinquant.
Tout le monde disait que j'avais le profil idéal pour
devenir un grand bandit. On me dénonçait très souvent
prés de mon père et de mon patron, comme quoi j'étais un
mauvais garçon, mal éduqué et je me faisais taper par tout
le monde. Par mon père, mon patron et mes frères...
|
|
|
Mes
deux frères, (quatre et dix ans plus âgés que moi) se sont
lancés comme nous à la recherche de toutes sortes de travaux.
J'ai commencé l'école à huit ans, pour mes deux frères ils
étaient déjà trop tard. Même à l'école je n'ai jamais cessé
de travailler pour gagner de l'argent.
|
Mes
fréres:
Halis - Murat
(Dans leurs restaurant
à Tatvan-1968)
|
|
|